Comédie en trois actes écrite en 1724 et représentée l’été de cette même année au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, La Fausse suivante nous parle d’une Comtesse (riche et séduisante), de Lélio (un prétendant calculateur) et d’un Chevalier (ou plutôt d’une jeune parisienne doublement travestie qui donnera son titre à la pièce…). Sera-t-il question d’amour ? À vous d’en juger…
On se souvient que Jean Liermier, à sa prise de direction du Théâtre de Carouge, en 2008, avait mis en scène Le Jeu de l’amour et du hasard en un geste-manifeste. De Marivaux, un fil rouge dans sa création, il avait présenté La Double Inconstance neuf ans plus tôt dans ce même théâtre et c’est avec Les Sincères qu’il venait d’être invité par la Comédie-Française (en 2007). Aujourd’hui, c’est La Fausse Suivante qu’il reprend. Or, c’est précisément avec cette comédie que Patrice Chéreau avait fait connaître en 1985 toute la cruauté machiavélique des personnages de Marivaux.
Jean Liermier s’inscrit avec force dans cette direction et souligne combien dans ce texte, plus que d’amour, il est question d’intérêts et de profits, de manipulations et de duperies – dans le monde des fortunés, comme des valets, car Trivelin, Frontin et Arlequin ne sont pas en reste dans cette satire sociale, dans cette danse de Saint-Guy grinçante et joyeuse où travestissement et machiavélisme sont tout puissants ! De quoi aiguiser notre sens critique, mais aussi renforcer notre quête de vérité et d’amour !
MARIVAUX — Horloger de talent, dans l’héritage de son père, Marivaux (1688-1763) inventa à vingt-et-un ans un nouveau mécanisme, « l’échappement à double virgule », révolutionnaire. Au théâtre, c’est son inventivité langagière, les circonvolutions des échanges amoureux que contrebalance son regard acerbe sur le mécanisme des relations humaines et sociales qui en fait un dramaturge incontournable et savoureux de notre répertoire avec notamment : La Surprise de l’amour et La Double Inconstance en 1723, L’Île des esclaves en 1725, Le Jeu de l’amour et du hasard en 1730 et Les Fausses Confidences en 1737.
JEAN LIERMIER — Formé au Conservatoire de Genève, Jean Liermier est un fervent défenseur des classiques du XVIIIe siècle qu’il met en scène parallèlement à des incursions dans un répertoire plus contemporain – avec Marivaux (La Double Inconstance en 1999, Les Sincères et Le Jeu de l’amour et du hasard en 2008 et La Fausse Suivante en 2020) et Beaumarchais (avec Figaro ! en 2012) –, mais aussi du Grand Siècle avec Molière (pour Le Médecin malgré lui en 2007, L’École des femmes en 2010, Le Malade imaginaire en 2014) et du XIXe siècle avec Musset (pour On ne badine pas avec l’amour en 2004 ; pour Les Caprices de Marianne en 2008) et Kleist (pour Penthésilée en 2008). Il dirige le Théâtre de Carouge depuis 2008.
Texte : Marivaux
Mise en scène :
Jean Liermier
Assistantes à la mise en scène :
Katia Akselrod et Amélie van Berchem
Scénographie et costumes :
Rudy Sabounghi
Lumières :
Jean-Philippe Roy
Univers sonore :
Jean Faravel
Assistante et réalisation des costumes :
Véréna Gimmel
Maquillage et perruques :
Cécile Kretschmar
Lola Giouse :
Le chevalier
Pierre Dubey :
Arlequin, valet de Lélio
Baptiste Gilliéron :
Lélio
Jean-Pierre Gos :
Frontin
Brigitte Rosset :
La comtesse
Christian Scheidt :
Trivelin, valet du chevalier
Production : Théâtre de Carouge
Coproduction : TKM Théâtre Kléber-Méleau