Présenté par Mireille Berton du CEC de l’UNIL
Au cours d’un voyage en train avec sa femme, le vieux séducteur Snàporaz (Marcello Mastroianni), tombe sous le charme d’une belle inconnue, qu’il suit lorsqu’elle descend du convoi après un arrêt en pleine campagne. Arrivé au Grand Hotel Miramare où se tient un congrès féministe rassemblant des femmes de tout horizon, il est emporté dans un tourbillon de rencontres insolites qui le mènent à explorer le « mystère féminin » et à affronter la crise conjugale qu’il traverse. Jouant à dessein sur la porosité entre rêve et réalité, La Cité des femmes est emblématique de l’onirisme fellinien, qui s’exacerbe dans les années 1960 à la suite de la rencontre de Federico Fellini à Rome avec le psychanalyste allemand d’obédience jungienne, Ernst Bernhardt. Durant quatre ans, à raison de trois séances par semaine, Fellini entreprend une cure analytique avec Bernhardt, qui débouchera sur Le Livre des rêves (2007), un ouvrage de dessins et textes servant de matière première à la conception de ses films. Si, dans La Cité des femmes, la parenthèse formelle et thématique créée par l’entrée du train dans le tunnel signale la transition entre sommeil et veille, l’ensemble du film baigne dans un onirisme diffus où rêve et réalité font partie d’un même continuum spatio-temporel. Sous cet angle, Fellini reste fidèle au modèle jungien du rêve, qui, contrairement aux thèses freudiennes, ne dissimule rien ni ne trompe, mais s’enracine dans le réel, le quotidien et l’expérience du monde concret (MB).